Intervention du Mininstre d'État en charge de l'AT à la COP27 à CharmElCheik, en Egypte.

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Il y'a un an, la RDC lançait un vaste programme de réforme de l’aménagement du territoire national, initié par le Président de la République Félix Tshisekedi Tshilombo et porté par le Ministère de l’Aménagement du Territoire. Quelles sont les principales raisons qui ont motivé cette réforme ?

Cette profonde réforme répond à un double impératif. Tout d’abord, nous avons la responsabilité d’organiser le 11e plus vaste pays au monde. Le Président a consacré l’importance de cette mission au sein du gouvernement du Premier ministre Sama Lukonde en élevant le Ministère de l’Aménagement duTerritoire au rang de ministère d’État. Fondamentalement, les principales missions du Ministère sont de permettre l’accès à une information renseignée et prête à l’emploi pour les autres ministères. De façon concomitante, nous avons également été chargés de formaliser un plan d’avenir pérenne et durable pour que l’affectation des femmes, des hommes, des ressources et des infrastructures dans le cadre des activités minières, agricoles ou encore piscicoles contribuent à l’essor économique congolais.

Ensuite nous n’oublions pas que compte tenu de l’importance des ressources naturelles congolaises, nous avons également une responsabilité écologique. Sur ce volet, tout est parti de l’adhésion de la RDC à la stratégie de réduction des effets des émissions dues à la déforestation. La vision de Son excellence le Président de la République FélixTshisekediTshilombo,a été de considérer les questions d’aménagement du territoire comme centrales dans la mise en place de la réponse.

Mais, avant de débuter ces chantiers titanesques, il a fallu relancer un ministère qui n’avait jamais véritablement pris son envol. Ceci en reprenant les fondamentaux comme redonner un cadre légal à l’Aménagement du territoire, régulariser la situation des agents et les former - cela nous a pris plusieurs mois.

La RDC est un pays immense : 2,345 millions de km2 et 145 territoires et villages jouissant d’un contexte climatique, hydrographique et géologique extrêmement favorable pour son développement. Quels sont les principales contraintes, géographiques notamment, auxquelles vous avez été confrontées en termes d’aménagement du territoire ?

L’immensité du territoire congolais nous offre une richesse prodigieuse, tout en nous mettant clairement à l’épreuve. Notre principal défi est de développer des politiques d’aménagement du territoire adaptées à notre situation particulière. La RDC ne répond pas à une logique d’un territoire qui aurait un territoire central dont dépendraient ses périphéries. Le centre de notre territoire est constitué d’une forêt dense et faiblement peuplée alors que nous avons plusieurs foyers de peuplement et d’activités économiques dans nos zones périphériques,aussi bien à Kinshasa que dans le Katanga et dans le Kivu par exemple. Se pose alors la question d’interconnecter ces territoires de façon optimale pour favoriser la mobilité des biens et des personnes. Ce maillage territorial que nous devons penser de façon à la fois localisée pour que les territoires voisins puissent créer des interactions particulières, mais aussi globalisée pour que l’ensemble du territoire national soit en échange permanent concerne aussi bien les transports, que l’énergie, les télécommunications ou les réseaux d’eau et d’assainissements. À ce propos, il est impor tant de souligner que la Politique nationale de l’Aménagement duTerritoire et son Projet de Loi afférent - respectivement adoptés en Conseil des ministres en juillet et septembre 2020 - constituent un signal fort en faveur de la promotion d’une politique d’aménagement du territoire ambitieuse, d’autant plus que la dernière loi datait de 1957 !

Lors de la COP 26 en novembre dernier, le Président Félix Tshisekedi présentait la RDC comme “un pays solution” à la crise climatique à laquelle nous faisons face aujourd’hui. Quelle place occupe justement la gestion des ressources naturelles dans le Plan de Développement Local porté par votre ministère ?

La gestion des ressources naturelles est centrale. Non seulement dans le PDL, mais dans l’action du gouvernement dans son ensemble. Quand le Président affirme que nous sommes un pays solution, c’est une évidence. Le couvert forestier et les tourbières de la forêt du Congo séquestrent l’équivalent de dix années d’émissions mondiales de CO2.Aussi avec les nombreux feux de forêt en Amazonie, le bassin du Congo est en passe de devenir le premier bassin du Congo. Nos 250 millions d’hectares de forêts absorbent 750 millions de tonnes de CO2 par an. Cependant, pour piloter notre réponse à ces problèmes internationaux nous devons mieux appréhender notre potentiel. C’est dans ce cadre que nous avons lancé en janvier 2022 un chantier d’envergure : le projet d’Annuaire national des ressources naturelles renouvelables et non-renouvelables du sol et du sous-sol de la République démocratique du Congo.Il est en cours de finalisation par les équipes du Ministère. Ce sont plus de 1000 pages de recherche qui recensent les potentiels hydrique, faunique, floristique, minéral, énergétique renouvelable, halieutique et les ressources en sol. Nous en ferons la promotion à travers le pays, auprès des agents et veillerons à ce que chaque ministère puisse s’appuyer sur les résultats de ces mois de travail. Une fois achevé et certifié,ce document servira de fil conducteur pour toute exploitation des ressources naturelles en RDC à tout acteur répondant aux exigences prévues par la Loi.

Le bassin du Congo est la deuxième plus grande forêt tropicale du monde. Située aux deux tiers en RDC, la forêt est également une grande réserve de biodiversité. Par quelle manière le PDL peut-il participer à la préservation du premier poumon de la planète qui serait aujourd’hui en péril ?

Nous devons tenir un équilibre entre la préservation et l’exploitation qui va créer des conditions meilleures pour nos populations.Tout d’abord nous pouvons nous réjouir que les taux de déforestation des forêts observés en Afrique centrale soient nettement inférieurs à ceux mesurés dans d’autres régions forestières tropicales, principalement l’Asie du Sud-Est et la forêt amazonienne. Néanmoins, cela ne peut pas constituer une raison d’inaction. Nous avons identifié plusieurs axes qui peuvent représenter un risque pour la préservation de la biodiversité. En premier lieu se trouve la pression démographique. La population du bassin du Congo devrait doubler d’ici à 2050 et s’accompagner d’un étalement résidentiel, de l’accroissement d’une agriculture familiale ainsi que le développement d’infrastructures. Ces éléments vont cer tainement accélérer la déforestation. Ensuite il y a eu jusqu’à lors quelques conflits d’usage des territoires. Entre l’agriculture vivrière qui nourrit près de 60 millions de personnes vivant dans les zones forestières en plus de 40 millions de citadins à proximité, l’exploitation forestière et minière qui représente approximativement 3 800 permis en RDC et la préservation nécessaire, surtout dans les parcs et les zones protégées, chaque acteur veut accroître son empreinte sans forcément tenir compte des autres. L’action du ministère de l’Aménagement du territoire et celle du PDL 145T contribue sensiblement à répartir, contrôler l’affectation harmonieuse des activités et donc atténuer ces risques.

La Tribune Afrique

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